Le picking, vous connaissez, je présume. La country aussi bien sûr. Si vous êtes comme moi un "baby boomer" né dans le premier tiers des trente glorieuses, vous avez sûrement écouté en boucle Marcel Dadi, en son temps.
Mais savez-vous d'où vient ce style musical ?
Ca vient des aventuriers qui ont tenté leur chance aux USA, qui avaient traversé l'océan avec leurs instruments : guitare, banjo, contrebasse, violon. Accordéon et harmonica aussi je crois. Que des instruments à corde ou à vent, pas de percussions. Trop encombrant sans doute de voyager avec une batterie. Ajoutez à ça les cordes vocales vibrant dans le vent des poumons : la voix compte souvent beaucoup dans le blue-grass. C'est le nom de cette putain de bonne musique, cousine anglo-saxone du blues des origines que chantaient les esclaves noirs.
Quand la corde est sensible, elle conte les vicissitudes de la rude vie des pionniers. Quand la corde est raide, elle vous emmène dans des rythmes endiablés, du genre de celui qui régit le célèbre duo guitare/banjo qu'immortalisa le film "Délivrance" (un air connu sous le titre "Duelling banjo"). Difficile de pas taper du pied.
Alabama, c'est le nom que prend (presque à la fin de l'histoire) l'héroïne du film "
Alabama Monroe", de Felix van Groeningen. Un film flamand tourné au plat pays de Brel et de Van Gogh. Un film qui joue (trop ?) bien de la corde sensible. Ce diable de réalisateur vous forcera, si comme moi vous êtes bon public, à sortir discrètement vos mouchoirs, pour pas qu'on voie que vous avez "brai comme un veau"(en chtimi, pleuré comme une madeleine

) quand les lumières se rallument au générique de fin. Alabama est bien jolie, même tatouée, ce qui ne gâche rien. Et quand elle aime elle y va à fond, corps et âme. Mais surtout, avec ses cordes vocales, elle a trouvé la voix (voie) royale.
Bon d'accord, c'est presque trop. Trop de déveine, trop de l'amour héroïque, sans espoir, d'un père pour sa fillotte et sa moitié. Surtout si ce père, il ne lui manque qu'un bon gros custom musclé pour incarner l'esprit cow-boy, dans le bon sens du terme. Il a même un cheval. Comment ne pas s'identifier à lui ? Il se déplace dans un pick-up si mes souvenirs sont bons mais pour ce film je l'aurais bien vu enfourcher à l'écran une Harley. (chuis pas trop Harley, sauf pour leur son

).
Vraiment, même si le côté larmoyant de ce sympathique petit film peut agacer (encore que...), si vous aimez le blue-grass, le picking ou même la country, allez voir ça, la bande-son est à tomber. Je me demande si les acteurs ont pris des cours de chant ou s'ils sont doublés par des pros pour la zique. Les choeurs vous sortent des harmoniques qui chavirent le coeur, braves gens, ou qui mettent en joie, c'est selon.
A tomber je vous dis.