Pour rentre dans le concept, le cafe-racer est à mon sens l'essence même de la moto, une meule bricolée au fond le garage avec les moyens du bord et qui ne ressemble à aucune autre.
De ce point de vue je m'inscrit en faux vis à vis des sirènes du marketing et de la vague néo-rétro qui surfent sur la mode racer. Un racer clés en mains ne sera jamais le mien si je n'en ai pas chié un minimum pour le mettre à ma sauce et pas comme un designer l'a décidé. Je suis mon designer, mon préparateur, les tendances et le bon goût à la mode je les emmerde.
J'achète la revue Café-Racer et souvent je me poile de l'intervention intégriste d'un lecteur sectaire qui donne sa vision étriquée de la chose, un café-racer c'est comme-ci, comme-ça, gna-gni, gna-gna.
Sauf qu'un café c'est tout sauf comme-ci ou comme-ça, c'est pour soi.
Je crois qu'il n'y a qu'une seule règle; ne pas confondre caférisation et tuning. Je déteste le tuning, c'est une mongolisation sans nom pratiquée par des hordes d'abrutis sans éducation esthétique qui transforment leur véhicules en lucioles sous extasy. Il existe de belles prépas, mais combien sont équilibrées, ésthétiques, bien pensées au regard des kilotonnes de merdes que l'on croise sur la route... Et une belle prépa n'est pas qu'une question de moyens financiers, on peut faire beau et pas cher.
Je crois que le secret d'un beau racer réside dans le respect initial de la ligne et de la géométie. Une XJ n'aura jamais un featherbed, donc il est débile de vouloir en faire une réplique de Manx. Le résultat risque d'être ridicule, de sentir la tentative de copie maladroite.
Par contre modifier la ligne en tenant compte de la géométrie de la machine, de ses lignes directrices, de ses axes forts pour ensuite développer une solution qui s'intègre et mette en valeur l'ensemble, là oui, le Café-racer c'est tout sauf du copier-coller. A ce niveau, toucher au réservoir est délicat, un réservoir est toujours pensé par rapport à la ligne de la machine, on se loupe facilement en adaptant un réservoir différent qui se transforme en verrue, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai conservé celui du Seca qui est d'ailleurs je trouve très beau. Un gars qui caférise un W650 avec un bidon alu adaptable de chez Motorne, ok, il a été pensé POUR elle et il s'intègrera harmonieusement.
Et à y regarder, beaucoup de bidouilleurs modernes oublient qu'à l'origine, le racer est né dans la banlieue de Londres dans un milieu social qui n'avait pas les moyens de s'offir LA machine de ses rêves, alors à défaut on balançait le guidon droit, collait des bracelets, une selle mono bricolée et en avant Guingamp ! C'était du racer économique, pas de la bécane friquée, de l'imagination débrouillée à l'huile de coude.
Un gars s'est pointé une semaine avant la concentre au garage avec une V11 sport cafe racer "carbonne à tous les étages". Le gars était fier comme un bar-tabac d'avoir un racer Guzz' à 12000 € achété prêt à rouler... Et moi de lui casser un peu sa superbe en lui expliquant que les racer de cadre sup' me laissent de marbre et qu'il n'aura jamais le mérite du gars qui se monte un racer au fond du garage, juste avec ce qu'il faut d'envie, de passion et de débrouille. Un peu comme ces pseudos bikères qui se prennent pour des rebelles du dimanches avec leur gros twin à 20000 € dont 3000 d'accessoires achétés au supermarché Harley pour se la jouer sur le parking du casino de Biarritz au mois d'août... Mouarf...
En définitive, un racer réussi c'est celui qui malgré certaines conventions de style arrive à ne ressembler à aucun autre, un rêve monté de toutes pièces et qu'on a dans son garage.
C'est vrai, du point de vue esthétique, la Thruxton Mécatwin ou sa XLCR me font baver, c'est très beau, mais ça ne pourrait jamais être la mienne, même avec les 15000 € en poche disponibles. Par contre avec la même somme, y'a moyen de s'en bricoler des café du diable dans le garage !
