Début janvier, pour ceux qui s'en souviennent, c'est à dire les heureux survivants à l'effroyable nauvrage qui avait fait chavirer notre forum ce printemps, j'avais proposé à un ami de lui faire découvrir le plateau des Glières.
Le resultat, pour ceux qui l'ignorent, pourrait se résumer en un seul mot : brouillard.
Une brume aussi épaisse qu'une porte blindée nous avait empêchés de jouir pleinement du panorama qui, en temps normal, s'offre à la vue des joyeux randonneurs qui y montent.
Enfin bref, on avait eu droit à ça :

Alors oui, la photo peut être jolie, oui, il s'en dégage une certaine poésie, oui, on peut interpréter de mille façons différentes la nostalgie ou l'optimisme aveugle qui en émane et oui, oui, oui, Bleuchette est nettement plus classe qu'une Diversion mais la question n'est pas là.
Parce que aujourd'hui, mes cadets, c'était pas la même musique.
C'était le jour J pour la contre attaque, le jour le plus long, la revanche sur les éléments, le débarquement par surprise, quand le plateau ne s'y attend pas et qu'il capitule dès le premier coup de gaz.
Enfin, nous y étions.


Monté depuis Thorens sur une belle route goudronnée, je n'ai pas pu resister à l'envie d'emprunter le sentier rocailleux qui serpente à travers le plateau pour le traverser.


Puis j'ai rattrapé une autre route goudronnée, un peu plus "sportive" cependant, pour redescendre de l'autre côté du plateau en direction d'Entremont - Grand Bornand.



J'avais vaincu. Le goût amer de l'echec avait disparu pour laisser place au parfum suave de la réussite.
J'empruntai alors, les yeux remplis des larmes sucrées de la victoire, le coeur enflammé d'orgueil et le nez plein de morve puisque je pleurais dans mon casque et qu'il faisait pas super chaud non plus, la route du zèbre dont les rayures ephémères saluaient avec bienveillance le passage de ma vaillante Bleuchette.

Ne me restait plus qu'à rentrer chez moi afin de m'empresser d'informer l'ami infortuné de janvier (en brésilien "amigo de janeiro" ) du succès de mon entreprise.
Aveuglé sans doute par une jalousie et une rancoeur bien compréhensibles, il me répondit avec un lexique très imagé où il était question de noms d'oiseaux et d'anatomie.
Je n'entendis que de loin ses remontrances offensées. Je tenais enfin ma revanche.