Dans "
Merci patron", un docu tourné comme un canular, Ruffin et ses potes fondateurs de la revue Fakir nous emmènent dans leur croisade déjantée contre la plus grosse fortune de France, le cher Bernard Arnault qui racheta à la fin des trente glorieuses des usines textiles du Nord Pas-de-Calais (pardon, des Hauts de France
) pour les convertir vers l'industrie du luxe en fondant LVMH, privant au passage de leur taf des centaines de petites mains.
Réussir à rester décontracté, léger, dérisoire résolument quand on brandit un étendard contre le cynisme des prédateurs financiers, c'est le pari que gagnent Ruffin et son équipe. En s'attaquant au mastodonte Arnault, ils endossent le rôle de David mais choisissent la ruse et le bluff. Le petit round qu'ils gagnent en roulant dans la farine le Goliath français tenté par la belgitude (fiscalité oblige...) qui délégue ses lieutenants pour négocier avec le "petit peuple" nous met en joie bien souvent, mais les Fakir n'oublient pas de nous rappeler en passant combien de sacrifiés ont souffert et souffrent encore des exactions du patron voyou. Derrière l'ironie maîtrisée des cinéastes éveilleurs pointe la révolte des opprimés qu'ils ont choisi d'aider, et qui n'ont pas besoin d'être photogéniques ou charismatiques pour gagner dans cette histoire de la dignité. Bravo pour cet utile docurluberlu !