Vous, vous ne l'attendiez pas. Et nous, nous ne l'attendions plus.
Mais il faut que vous sachiez que c'est pas parce qu'on ne dit rien qu'on ne fait rien.
Parfois, aussi, on fait et on dit qu'on va le dire, mais finalement il n'en n'est rien.
Et puis y a des soirs comme ce soir où l'on ressort les vieux cartons, les vieux projets qui ont été empêchés par les aléas de la vie, et on les emmène vers la lumière.
C'est le cas aujourd'hui.
Je vous propose donc le compte rendu à retardement.
C'est un tout nouveau genre, vous affolez pas.
C'est comme une bonne gastro : ça fait bizarre au début et ensuite on s'habitue.
Et pis dedans y a nous plus jeunes, avec nos anciennes meules pour certains, ou tout simplement nos meules plus jeunes, elles aussi.
C'est plutôt cool, donc.
D'ac ?
Bien, alors en piste !
Récapitulatif des faits : le weekend des 3 et 4 juillet 2014 (vous comprenez pourquoi je parle de retardement ? Ca y est ? Vous visualisez le concept ?), une petite bande de XJistes s'élançaient autour du Mont Blanc. Le tout avec escale mais sans assistance.
Le casting, pour les anciens qui connaissent : Y a d'la yam, Dens, Mi-Pétrole et votre serviteur, sous la houlette de Vincent, le cinquième larron, étranger au forum, aux XJ et aux gros cubes mais au demeurant fort sympathique et parfait dans le rôle de SDS pour side-car en folie.
Dans les faits, l'itinéraire fut le suivant
(NB : Pour ceux qui se souviennent, j'avais fait ce même tour l'année précédente, mais dans le sens inverse. Et surtout, je l'avais fait en octobre, alors que le col du grand Saint Bernard était fermé. Il s'agit donc ici de la version pour adulte, avec le col ouvert, des gorges profondes et d'interminables lacets sensuels. Veuillez éloigner les enfants.)
Top départ donc le samedi matin de Cluses pour rejoindre Chamonix et y faire le plein. De là, cap sur la Suisse par le col des montets où nous fîmes une première pause.
A peine la frontière Suisse franchie, nous y faisions déjà régner la terreur. Horrifiées à la vue de ces blousons noirs mal odorants et peu rasés...
... les vieilles duchesses défraîchies d'Helvétie prirent leur vison à leur cou, sautèrent dans leurs Porsche en chocolat et regagnèrent leurs banques à toute vitesse (c'est à dire à 12 km/h de moyenne, pas mal pour des Suisses), non sans faire un arrêt dans une horlogerie pour se rassurer et prévenir la police cantonale.
-Fin de ce scandaleux passage aussi cliché qu'injurieux envers les populations suisses qui, rappelons-le, méritent autant de respect que n'importe qui d'autre sur terre et ne doivent en aucun cas être molestés, lapidés, couverts de crachats ou de déjections animales-
Le ton était donné. Il ne nous restait plus qu'à partir à l'assaut du col mythique du grand Saint Bernard. Assoiffés de conquêtes, nous mîmes nos pneus dans les pas de Napoléon.
Sauf que contrairement à lui, on s'est arrêtés en haut pour casser une graine parce que franchement, c'était beau.
Après ça, on a attaqué la descente vers Aoste.
Oui, ça descend fort. Je tiens d'ailleurs à rappeler que tout ce CR a été réalisé sans trucages. De toute façon, à l'époque, les trucages n'existaient pas.
Beaucoup de monde, dans la vallée. Et ne comptez pas sur moi pour ajouter que si les Italiens savaient conduire, on se serait arrêtés pour boire un verre en ville. Non. Pas question de dire ça. En plus, c'est pas de leur faute. C'est parce qu'ils sont tout petits, qu'ils parlent avec leurs mains et qu'ils conduisent que des triporteurs en mangeant des lasagnes.
Quoi qu'il en soit, du coup, on a embranché direct sur le petit Saint Bernard jusqu'au cormet de Roselend.
Le gang de la yaute, les grognards du 7-4 regardait déjà cette journée passée avec nostalgie.
Parce qu'en effet, c'était pas tout ça, mais c'était pas le tout de se faire faire des photos de profil et des portraits à la John-Wayne-pleurez-pas-ma-p'tite-dame-on-va-les-retrouver-vos-bêtes-à-cornes...
... mais le soleil déclinait et il nous fallait encore rejoindre le bivouac que j'avais repéré lors de mon repérage (oh ! bon sang ! mais c'est donc à ça que ça sert !) fin mai.
Il se situait à une quinzaine de kilomètres de là, un peu avant Beaufort. Il s'agissait de ne pas trop trainer.
Les tentes montées, on s'est immédiatement occupé du vital : mettre les bières au frais dans la petite rivière. Puis on a allumé le feu et sorti les grillades. Ne nous restait plus qu'à nous congratuler mutuellement pour cette magnifique journée, ainsi que de nous encourager pour la magnifique soirée étoilée qui s'annonçait.
Le lendemain matin, on s'est offert un bon petit déjeuner en terrasse dans le centre pittoresque de Beaufort, puis retour dans la Yaute via Albertville et le col des Aravis. Une journée torride qui ne nous a visiblement pas donné envie de prendre de photos puisque je n'en ai trouvé aucune.
Il faut dire qu'outre la chaleur, déjà nous roulions en territoire connu et que l'objectif était derrière nous, tout comme les souvenirs.
Si j'avais su, je les aurais prévenus, les souvenirs, que je mettrai 2 ans et demi à revenir les chercher.
J'espère qu'ils ne m'en veulent pas.
(Je tiens enfin à signaler qu'aucun Suisse ni aucun Italien n'ont été blessés durant cette ballade. Tout évènement d'actualité allant à l'encontre de cette déclaration ne serait que fortuite et même pas vraie. Nous encourageons également les lecteurs dépourvus de second degré de bien vouloir se rendre en boutique pour s'en porter acquéreur avant d'entreprendre la rédaction de réactions indignées. Merci)