La fillotte chez ses grands-parents, la femme au boulot, je m'étais dit que c'était l'occasion rêvée pour mettre les voiles, ce week end.
Et comme depuis longtemps l'idée de visiter les Vosges me trottait dans la tête, je m'étais aussi dit que c'était aussi l'occasion rêvée pour concrétiser le projet.
Ce que je ne savais pas encore, c'est qu'à force de se dire trop de choses et de combiner plein d'occasions rêvées, on finit par faire vraiment n'importe quoi...
Mais nous y reviendrons...
Tout s'annonçait plutôt mal quand, vendredi soir, alors que je me tâtais pour savoir si je décollais immédiatement après le passage des derniers touristes venus voir passer le tour de France dans ma montagne, Bleuchette me faisait le coup du "Ma boite à fusible prend sa retraite, dommage !", le tout naturellement sous un orage pas piqué des hannetons.
Parce que Bleuchette était toujours équipée de ses fusibles en verre d'origine, que jusque là j'avais jamais eu de soucis jusqu'à ce que...
Ben oui, classique : la cosse qui pète. Plus d'éclairage. Ni une ni deux, trempé pour trempé (ouais parce que j'étais moi même parti de chez moi comme un touriste), je fonçais en acheter une qui va bien et me suis mis au travail dès mon retour (enfin, le temps de changer de calcif quand même...)
Problème réglé, top départ pour le lendemain 5h30 direction les Vosges.
L'itinéraire, à la louche, c'était ça :
Rejoindre et traverser le Jura, puis le Doubs, et rejoindre Belfort d'où j'allais attaquer les Vosges.
Sur la carte ça me plaisait pas mal, mais une fois sur place, ça me plaisait carrément !
Les Alpes depuis les premiers contreforts du Jura.
On voit même le Mont Blanc.
Comment ça, où ? T'es aveugle ou quoi ?
Bon attends, tiens !
Et là, tu le vois ? Bon ! c'est pas dommage.
Ca commençait bien, je m'en tenais à mon itinéraire et à rien d'autre, je savourais chaque seconde comme si c'était la dernière.
C'est pas compliqué : tout était parfait. Pas trop chaud, pas de vent, des routes invraisemblables bref, l'extase.
Debut d'après midi, j'arrivais enfin sur Belfort.
C'est là que tout a basculé, que c'est parti en vrille, que c'est devenu n'importe quoi. J'oubliais les Vosges et mettais cap à l'est , droit vers l'Allemagne (qui me trottait aussi dans la tête, mais moins que les Vosges)
Et voilà comment j'ai occupé mon après-midi, du coup...
Dans le détail : Belfort-Altkirch-Huningue et...
... pienfenue en allémagneuh !
De là, rapide petit tour à Lörrach (jolie ville, d'ailleurs) et retour en Frankreich direction le Nord, c'est à dire Colmar (encore plus jolie ville, d'ailleurs)
Là, enorme déception... Pas de cigogne dans le nid. C'est bien la peine de se casser les sabots à aller leur percher des plates-formes, à ces satanées bestioles !
Heureusement pour elle, je l'ai trouvée une quand même. Suis pas venu pour rien !
C'était pas tout ça, mais l'heure avançait. Il était 19 heures passées quand je suis reparti de là pour tenter de trouver un endroit pour la nuit. Ouais, parce que je suis vraiment parti à l'arrache. Juste un duvet et mon lit de camp. S'il flottait, j'étais mal vu que j'avais même pas pris de tente.
Heureusement, j'étais en contact régulier avec l'honorable MPM (qui souhaite garder l'anonymat) et qui me proposait un plan B si jamais... B comme Bière et Barbecue. L'idée était tentante et je l'ai gardée sous le coude (l'idée, pas MPM) quand après des recherches laborieuses qui ont failli me faire renoncer, j'ai enfin trouvé un coin pas trop mal où dérouler le duvet.
Je n'ai donc pas eu à subir l'humiliation de l'appeler (MPM, pas l'idée) à la rescousse ni de me retaper les 100 et quelques bornes qui nous séparaient. A cet instant précis, les reflexes n'étaient plus tellement au rendez-vous...
Quoi qu'il en soit, en bonus, la surprise au réveil :
J'avais même pas vu que j'étais au bord de l'eau quand je suis arrivé là... Faut dire c'était 22 heures passées (merci le détour aussi inutile qu'interminable (en 1 ou 2 mots ?) par Mulhouse : la ville qui sert à rien)
Bref !
De là j'ai enquillé sur Montbéliard intra-muros.
Puis j'ai repris le même chemin qu'à l'aller (avec quelques variantes quand même) en en profitant pour faire des rencontres très sympathiques dans le genre de Fred, 67 ans sur son antique Java.
Puis toujours plus au sud, avec la pause qui va bien après le lever du soleil.
Fatigué quand même, le garçon !
Tout ça avant d'apercevoir le Rhône, qui me signifiait que ma grande évasion touchait à sa fin. Le retour fut beaucoup plus rapide que l'aller. Là, j'en ai profité pour arsouiller un peu sur les routes désertes qui ne demandaient que ça. Les photos, c'était fini.
Enfin, presque.
J'avais plus qu'à le traverser enfin...
... pour être de retour au bercail après 1000 bornes absolument fabuleuses sans but précis, sans horaires, sans rien. Juste la route, Bleuchette et moi.