Ce soir, retour à la case western avec "Hostiles" de Scott Cooper, l'histoire d'un capitaine en fin de carrière, redoutable tueur d'indiens, à qui on confie une dernière mission : convoyer du Nouveau-Mexique au Montana un vieux chef et sa famille proche, prisonniers depuis huit ans. Yellow Hawk (c'est le vieux chef Cheyenne) est en effet malade et souhaite mourir sur sa terre natale. Commence donc un lent road-movie au pas des chevaux qui sera l'occasion de changements en profondeur pour les protagonistes forcés de se serrer les coudes pour survivre, on s'en doute. La troupe ramasse en chemin une femme ayant survécu au massacre de sa famille par des Comanches, puis un déserteur transformé en meurtrier sanguinaire qui doit rejoindre son tribunal. Un super film pour lequel j'ai mis ça sur allociné :
Avec ce western à la fois lyrique et contemplatif, pour moi Scott Cooper s'inscrit dans la lignée des grands. Comme Cosner en son temps, son propos est bien l'évocation lucide des méfaits de l'homme blanc, ce super-prédateur découvrant trop tard la grandeur et la nécessité du respect de l'autre et cherchant instinctivement, en dépit de la désespérance qui le ronge, à s'y conformer, accédant même par là à une forme de rédemption. Dans la grande nature, magistralement mise en valeur par des panoramiques à couper le souffle, par un splendide travail sur la lumière et la couleur, dans cette grande nature la violence de l'homme est omni-présente. Passée ou à venir, elle ne donne pourtant lieu à aucun voyeurisme, même si quand elle survient elle brise les âmes. Les scènes "d'action" sont présentes, réalistes, brèves, crues et crédibles. Elles rythment mortellement la lente progression de la petite troupe mais n'ont pas le caractère flamboyant et spectaculaire des batailles de "Danse avec les loups" (puisque j'ai déjà pris ce chef d'oeuvre comme référence-étalon...). Elles sont des révélateurs du cheminement intérieur de chaque personnage important. Cette sobriété dans le traitement de la violence m'a d'ailleurs fait penser à l'ambiance de "The homes man", un autre beau récit de convoyage laborieux, de et avec Tommy Lee-Jones... Que dire encore de ce très beau western ? Qu'il fait honneur à son créateur autant qu'à son équipe de techniciens et d'acteurs (C.Bale magnifique de retenue, R.Quaid très belle et très juste, W.Studi qui donne envie d'être indien !), qu'il donne à croire qu'il existe encore des gens de bien dans l'Amérique de Trump ? Allez, disons ça...
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