Je sors de la salle obscure, où j'ai trouvé "Une place sur la terre". J'ai vu ça avec madame et une de nos fillottes. Après on s'est pris le chou pour savoir si c'était une histoire d'amour contrarié, une histoire d'amitié, ou simplement une occasion pour l'immense Poelvoorde de nous prouver sa grande classe.
C'est un petit film de Fabienne Godet. Petit parce que son public sera peut-être assez restreint. Petit pour le critique de la revue Télérama, que j'ai trouvé très dur et bien injuste. Injuste avec la réalisatrice, qui cherche à mettre en valeur ses personnages avec beaucoup de finesse. Injuste peut-être surtout avec l'équipe photo, qui nous attrape par les yeux comme l'équipe son d' "Alabama Monroe" nous avait attrapés par les oreilles. Plonger dans la transe du photographe-alcoolo-décalé-nerveux-contemplatif (normal pour un photographe !) qui échappe de justesse au voyeurisme à force de sensibilité et de respect, pour moi ce fut un choc esthétique !
C'est peut-être pas un très grand film, mais c'en est un bon à mon avis. Dans le genre intimiste, existentiel, taiseux et touchant, comme on sait faire en France et en Belgique, sans le grand spectacle et les énormes budgets.
Pour l'amour de l'art, quoi, pas pour remplir les caisses
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En tous cas, si vous aimez Poelvoorde, courez le voir crever l'écran. Il m'a scotché au fauteuil, et je me disais que la marque des grands acteurs c'est d'emporter le spectateur, quel que soit le registre. Ici il passe sans cesse de l'humour décalé au désespoir silencieux, du refoulement buté à l'empathie intuitive, sans perdre une seconde sa crédibilité. Il assure un max. Aussi surprenant que Coluche dans "Tchao pantin"...
Bon. La prochaine fois j'essaierai de changer de genre. Normalement je vais craquer bientôt pour "Jimmy P.". Si ça se fait je vous tiendrai au jus.