L'an dernier déjà, j'avais inscrit Bleuchette aux millevaches. Mais les conditions vraiment desastreuses qui avaient sévi le jour du départ m'avaient contraint à lui annoncer la terrible nouvelle, à savoir qu'on allait devoir faire nos lopettes et rester chez mémé.
Je me souviens l'avoir déchargée le matin même, l'oeil humide et la mine basse. La rage au coeur et la boule au ventre, j'avais empoigné son TdF, plongé mes yeux pleins de larmes dans son phare pour lui jurer que l'an prochain, on irait. Quoi qu'il arrive, on irait.
Elle m'a fait confiance durant une année entière sans jamais me demander de renouveler ma promesse. Parce qu'entre Bleuchette et moi, la confiance, c'est sacré.
Un an a passé, l'inscription était renouvelée, et les jours précédent le départ, je passais plus de temps sur les sites de prévision météo que sur Youporn. C'est dire si la chose me tenait à coeur ! Quoi qu'il en soit, les choses s'annonçaient pas trop mal. Ormis un peu de neige le vendredi, on nous promettait beau temps pour le reste du week end.
Il ne m'en fallait pas plus pour mettre le contact le vendredi matin avant de descendre tranquillement chez Y a d'la yam, de chez qui nous avions prévu de partir.
Là, nous eûmes la bonne surprise de voir que l'ami Dens était lui aussi du voyage. Un café avalé rapidement et la triplette magique du sept-quatre était sur la route direction Ardes sur Couze, dans le Puy de dôme, point de passage obligé pour qui voulait localiser le lieu secret du bivouac.
Une fois sur place, ne nous restait plus qu'à trouver une place pour planter les tentes. Ce fut chose faite pile poil à la tombée de la nuit.
Là nous passâmes, Dens, Bleuchette et moi, notre première soirée en hivernale. Première fois aussi pour Fab et Marie qui nous avaient rejoints entre temps ainsi que Michelside, Neness et plein d'autres gens très sympas aussi, même s'ils avaient à mon humble avis tous une roue de trop à leur monture.
Des conditions un peu velues rendaient la chose encore meilleure. Du vent, du froid, du grésil, j'ai même cru qu'il neigeait à un moment mais en fait non, c'était juste l'un d'entre nous qui avait beaucoup de pellicules.
Quoi qu'il en soit, avec un godet plein, un bon feu et des merguez sur le grill, on était comme des coqs en pâte.
Une bonne nuit là dessus et c'était déjà l'heure de se lever.
Le réveil, pour un novice, est particulier. T'es bien au chaud dans tes duvets, la tête posée sur ton cuir, ton top case en guise de table de chevet. T'entends causer dehors alors t'ouvres un oeil, puis le second, et là tu réalises qu'il va falloir sortir de là avec la même envie qu'aurait un escargot pour sortir de sa coquille. Tu finis par le faire parce que t'as une furieuse envie de pisser et qu'au bout d'un moment, de toute façon, va falloir faire quelque chose pour y remédier.
Alors tu ouvres, tu sors, et tu contemples en grelottant.
Pis là tu te réjouis de voir que ton pote est lui aussi toujours vivant. Alors t'y fais des papouilles, on se congratule et on prend des photos.
Et on se prépare un petit jaja au pied de la tente, comme on en avait pris l'habitude à la concentre, en immortalisant le moment.
Ensuite, petit à petit, tout le monde se retrouve et c'est parti pour une journée pour le moins difficile à décrire en détails. On discute, on va faire le tour du campement pour y dénicher des curiosités...
... et on admire le paysage, chacun à sa façon...
Puis nous fêtames l'arrivée de La Bidouille avec le fiston et la Gelée. Enfin celle de Yannick en fin de journée, suivi de Dadou quelques heures plus tard.
Ne nous restait plus alors qu'à passer une soirée encore meilleure que la veille...
...soirée que nous achevâmes autour de ce feu sacré qu'est l'amour de la moto.
Le lendemain matin, debout avant le lever du soleil pour replier le matos, aider les premiers à partir, dire au revoir aux copains, faire le plein
et rentrer à la maison avec un petit truc en plus...
Une belle preuve que cette année nous aussi, on y était.
Tu vois, Bleuchette ? Je te l'avais promis.