Le dernier film de Paul Verhoeven, "Elle", est tiré d'un roman de P.Dijan intitulé lui aussi très sobrement ("Oh..."). Je ne l'ai pas lu, mais je vais m'empresser de le faire, tant le film qu'on en a tiré m'a plu. C'est l'histoire d'une femme libre très BCBG, au passé un peu (beaucoup) tordu puisque son père croupit en prison pour une série de meurtres rituels bien gores. Ce passé, elle cherche à l'effacer de sa mémoire et surtout de celle des autres, car son ascension sociale déjà très aboutie pourrait pâtir de sa (re)mise au devant de la scène. Cette productrice de jeux vidéos est incarnée par Isabelle Huppert, toujours magistrale dans les rôles de personnages retors et complexes cachant leur démon intérieur derrière une façade impeccable de froideur calculatrice affûtée. Un soir, elle est agressée par un inconnu masqué qui pénètre chez elle et...en elle, ben oui braves gens, elle est violée, non sans combattre mais violée quand même. Et quand la victime se sent des affinités avec la prédation, y a moyen de moyenner des développements assez croquignolets. Car tous les mâles qui gravitent autour d'elle peuvent vite se révéler des coupables possibles, je vous laisse gamberger là dessus. Autour d'Huppert les second rôles échoient à une tripotée d'acteurs tous assez bons, surtout sa grande amie (A.Consigny, très classe) et son voisin (L.Laffitte, intéressant) Bref, ça vaut le déplacement et j'ai posté ça sur Allociné :
En adaptant le livre que Dijan a simplement intitulé "Oh...", Verhoeven signe un thriller qui se veut sans doute plus qu'un pur suspense terrifiant... Certes, la tension est là et bien là. Les changements de rythme, les surprises "adrénalinogènes", les scènes d'action, la violence fantasmée ou vécue contribuent à l'installer, tout comme la prestation tout en retenue de Huppert, parfaite pour ce rôle, dévoilant ici comme dans "La pianiste" les facettes inquiétantes d'un personnage tout sauf simple, au moins aussi barré que son agresseur... Pourtant, la dualité qu'elle incarne en tant que victime donne au film un plus, un côté second degré, un peu hitchcockien, ou chabrolien si on y voit une certaine ironie. On pardonnera le côté caricatural des deux personnages que sont le fiston-mou-du-genou et son hystérique compagne le menant par le bout du nez. Ils font justement pencher l'ambiance du côté de l'ironie... Quant au final, avec la dernière réplique de l'épouse très catho du voisin (Laffitte, pas mal aussi dans son genre) dans le dialogue qu'elle échange avec Huppert juste avant de partir, il est le point d'orgue qui titille nos neurones et les réveille, comme un dernier clin d'oeil malin. Bien joué, Verhoeven et son équipe !
_________________ "Y a une route c'est mieux que rien Sous tes pieds c'est dur et ça tient" Gérard MANSET
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