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MessagePosté: 12 Jan 2016, 13:49 
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Alain Cavalier est un cinéaste un peu hors norme je crois. Avec un nom pareil, il ne pouvait pas faire autrement que de s'intéresser au grand Bartabas, qui a un peu révolutionné le petit monde du spectacle équestre à partir des années 80. Cavalier le présente dans son film "Le Caravage", qui cherche à nous montrer la relation du maître avec un de ses derniers chevaux, vedette de son spectacle "Loungta", cheval qui portait le nom d'un autre grand maître, mais du clair-obscur celui-là. J'étais enthousiaste en entrant dans la salle obscure, j'en suis sorti perplexe, comme si mon idole était descendue de son piédestal...
Y a-t-il deux façons de voir ce film ? Une en tant que cavalier et une en tant qu'amateur de cinoche relativement inculte ? Je ne sais pas. Je suis les deux en tous cas. En tant que vieux cavalier j'admire Bartabas depuis "Zingaro", un de ses premiers spectacles à Aubervilliers, celui qui le mena vers la notoriété. A la fin de ce docu, je reste admiratif mais un peu dubitatif. Admiratif parce que je suis entré dans le quotidien d'un grand cavalier, que je l'ai vu se taire, chercher, tâter son compère l'animal, le subjuguer en entrant dans son monde tout en le respectant en tant que cheval. Mais moins admiratif du ténébreux qui se fait servir par un aréopage de jolies palefrenières/danseuses, subjuguées elles aussi sans doute mais dont je doute qu' elles soient respectées en tant qu' êtres humains...Certes, il a plein de trucs à gérer, ce cavalier d'exception, des trucs plus importants que le pansage de sa monture. Et il sait faire les basses besognes, par lesquelles il a commencé comme tant de gens de chevaux sans doute, avant de devenir un maître respecté. Mais ses silences bourrus ressemblent parfois au mépris et je n'y ai pas toujours vu l'amour, qui sous-tend tout art légitime me semble-t-il. Alors ? Jekyll ou Hyde, Bartabas ? Difficile de se faire une idée claire. Malgré tout, malgré les rênes allemandes qu'il utilise et que je déteste (tant de chevaux cassés à tout jamais par cet enrênement !), malgré les éperons à mollettes qu'il porte (sans s'en servir apparemment), malgré la profusion excessive d'appels de langues (qui valent quand même mieux que des piqûres d'éperons !...), malgré ses silences semblant parfois hautains mais à cause de ceux qui semblent méditatifs, cet homme, de loin en loin, fait surgir une beauté classique et classe, baroque et colorée, explosive et brillante, et la beauté amène l'émotion...A noter : une "scène" m'a parue déplacée et je n'ai pas compris ce qu'elle venait faire dans ce film, centré sur la relation au cheval : c'est ce moment qui nous montre Bartabas bataillant avec un décor obsolète dans une de ses remorques. Je ne vois pas trop ce qu'elle nous apprend, cette scène, quelle utilité elle a. Donner un peu de longueur à un film fort court, pour lui conférer le statut de long métrage ?... Quant à parler de l'aspect cinoche non conformiste de cet opus de Cavalier, le cinéaste piéton, je vois deux choses à dire de l'image et du son. Souvent les cadrages tronquent au moins partiellement à nos yeux le geste recherché chez le cheval, tant pis pour les connaisseurs frustrés, peut-être tant mieux pour les autres mais j'en doute. Souvent la bande-son m'a comblé, en ceci qu'elle donne une idée juste de l'ambiance quand on travaille un cheval seul dans un manège, après l'avoir préparé dans l'écurie qui s'éveille...En somme, disons que "Le Caravage" est un exercice sans concession qui donne à voir au public un cavalier exemplaire dans sa manière fluide et semble-t-il discrète, cavalier tirant la quintessence d'un cheval délicat, mais cavalier tellement investi qu'il semble perdre son humanité. Cet exercice prétendument didactique envers le grand public, il faut être déjà initié pour en profiter. Je doute que ce film fasse beaucoup d'entrées, ni donc qu'il soit utile pour révéler la grande équitation au yeux du néophyte !

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Gérard MANSET


Dernière édition par monomental le 13 Jan 2016, 12:25, édité 3 fois.

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MessagePosté: 12 Jan 2016, 15:41 
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Le paradoxe de l'amour/domination, fantasme ou critique selon Bartabas ?
Je n'ai pas vu ce film mais j'ai vu Mazeppa. 100 fois au moins. Détestable et fascinant.
Et quand je lis ta critique, j'ai l'impression qu'il a remis ça.

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MessagePosté: 12 Jan 2016, 17:11 
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Mi-Pétrole Majeur a écrit:
Le paradoxe de l'amour/domination, fantasme ou critique selon Bartabas ?
Je n'ai pas vu ce film mais j'ai vu Mazeppa. 100 fois au moins. Détestable et fascinant.
Et quand je lis ta critique, j'ai l'impression qu'il a remis ça.


Fascination, c'est le mot. Bartabas avait dans mon esprit (et dans mes tripes) une place à part jusqu'à ce film : celle d'un gars qui revendique de s'être (dé)voué aux chevaux qu'il fait entrer dans les...oeuvres d'art que sont ses spectacles.
J'ai vu Mazeppa aussi. Je crois me souvenir d'un long plan de l'artiste attaché/entravé au cheval qui galope, une sorte de vision infernale métaphorique, l'homme en souffrance et l'animal forcé jusqu'à la sueur blanche. Je n'avais pas vu de beauté dans ce plan d'enfer, car la sueur blanche est la honte du cavalier...J'ai par contre un autre souvenir : un bref temps de beau galop en arrière dans la cour d'un château, vision symbolique d'un absolu d'harmonie. Car le galop en arrière est une prouesse "contre nature" qui suppose un animal en pleine confiance, en pleine impulsion, très fort mais complètement à l'écoute, autant qu'un cavalier hyperfin. Le genre de difficulté qui ne se réalise que dans la complicité, après des mois et des mois de progression sans erreur. Mazeppa, encore un film confidentiel qui ne peut plaire au grand nombre. "Détestable et fascinant", dis-tu. Je ne sais pas si tu es cavalière, mais ton analyse est fine !
Ici, dans "Le Caravage", la plus belle scène à mes yeux est peut-être celle qui montre Bartabas entrant dans un hangar où stationne une harde de chevaux quelconques paisibles, au repos. Il se fraie un chemin jusqu'à un mur dans mon souvenir, s'accroupit et laisse venir à lui quelques animaux qui entreprennent comme lui une (re)prise de contact tranquille, faite du contact des naseaux qui flairent et des dents qui grattent, des mains qui caressent et du nez qui rend le souffle odorant. L'homme qui accepte d'essayer un langage cheval, quoi...Cette séquence est à l'honneur de Bartabas.
Pour le reste, on le voit surtout venir "prendre possession de son joujou" après que ses palefrenières l'aient longuement toiletté et préparé pour la séance de travail. Seigneur des lieux silencieux, sans un mot, sans un merci surtout, il s'installe en selle et gratte jusqu'aux progrès du geste. Au début il râle un peu, élève la voix, rien à dire jusque là. Le cheval n'est pas forcé. Mais après quelques séances l'homme utilise souvent la rêne allemande, un truc vicieux et contraignant à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, qui devrait je pense disparaître des clubs tellement il casse facilement les chevaux dans leur tête autant que dans leur corps. Lui, le grand Bartabas, a assez de finesse pour en faire bon usage, mais faut-il proposer cet engin de torture comme une solution que ses petites fans s'empresseront d'essayer ?...
On le voit aussi rouscailler lors de la mise au point d'une séquence d'ombre chinoise de chevaux galopant, couplée judicieusement avec la course hésitante de ses palefrenières danseuses. Une belle séquence mais un mec pas facile à vivre, apparemment.
Je sais qu'avant de connaître la consécration, Bartabas en a bavé des ronds de chapeau. Mais peut-être que le succès l'a un peu gâté, en tant qu'homme au milieu des hommes.
Et puis ses chevaux de spectacle ne semblent plus beaucoup voir le plein air, la nature ouverte et les grands espaces, et ça ça me gêne.
Détestable et fascinant... Décidément c'est une formule intéressante. :wink:

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MessagePosté: 12 Jan 2016, 19:06 
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J'ai grandi avec des chevaux, mais j'ai toujours préféré être à côté qu'au-dessus d'eux. Au sens propre et figuré. (Ce qui n'est plus le cas avec ma bécane aujourd'hui...)

Bartabas m'a fait rêver avec des images.
Mais aujourd'hui, rênes allemandes ou princesses ukrainienne, je ne supporte plus aucune forme d'exploitation des animaux.
Et dans Mazeppa, les passages que je mettais en boucle était ceux avec les chants envoûtants.
Et le jeu de Géricault me fascinait. Le reste, je le subissait plus qu'autre chose. Particulièrement la scène avec l'âne dans le manège.

Finalement, chacun y voit autre chose. C'est peut-être ça la force de ses films. On en revient à ce que tu disais au début : il y a plusieurs lectures. Et ça, quoiqu'il en soit, c'est extraordinaire.

PS: Et "Chamane", tu l'as vu ? Encore une fois la musique mêlée aux animaux... le recette de mon bonheur.

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MessagePosté: 12 Jan 2016, 23:59 
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Mi-Pétrole Majeur a écrit:
J'ai grandi avec des chevaux, mais j'ai toujours préféré être à côté qu'au-dessus d'eux...
Bartabas m'a fait rêver avec des images.
Mais aujourd'hui, rênes allemandes ou princesses ukrainienne, je ne supporte plus aucune forme d'exploitation des animaux...
PS: Et "Chamane", tu l'as vu ? Encore une fois la musique mêlée aux animaux... le recette de mon bonheur.


J'ai vu "Chamane", oui, et j'en garde le souvenir d'un essai un peu... mystique-mystère, où la nature tient pas mal de place cette fois, où le rapport à l'animal n'est pas sous-tendu par la fascination qu'exerce sur nous sa beauté plastique, mais sur la nécessité pour nous de nous associer à lui en vue de la survie, enfin tout ça. Faudrait que je le revoie, c'était il y a un peu moins longtemps que "Mazeppa" peut-être, mais quand-même, ça remonte à une vingtaine d'années...
Je crois que Bartabas était, à cette époque, au sommet de son inspiration artistique ! J'étais à fond dans ma pratique/progression équestre, l'équitation portugaise était décidément mon graal et Bartabas en avait fait son miel, visiblement. C'est pourquoi il me fascinait, contrairement aux dresseurs allemands qui raflaient les médailles olympiques sur les rectangles de dressage, sur des chevaux gigantesques et herculéens dont ils tendaient les rênes et piquaient les flancs...
Il a gardé sa silhouette en action, à la fois massive et fluide (quoi qu'il soit beaucoup plus sec, comme dégraissé, tout le superflu en allé). Son cheval est toujours aussi juste, tonique, aérien, sa manière toujours aussi discrète, rênes molles et jambes relaxées. Il reste un maître pour nous les cavaliers, parce qu'il est un maître respectable pour sa monture-obsession qui l'a reconnu et accepté comme tel, sans inquiétude donc avec entrain, avec son enthousiasme de cheval.
Mais je ne sais plus si j'admire l'homme. A Noël ma moitié m'a offert une place pour son nouveau spectacle, on va le voir à Aubervilliers fin Février normalement. Je te raconterai si ça te dit, ici.

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MessagePosté: 13 Jan 2016, 22:04 
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Le spectacle est beau. Le bonhomme n'a aucun intérêt.

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