Des frères Dardenne, je me souviens du "gamin au vélo", avec une Cécile de France tout à fait juste et poignante dans ce film coup de poing tourné en Wallonie profonde, du côté de Liège je crois.
(De France juste une fois en Belgique, pas mieux quoi !- Mmouais bof, elle était facile celle là
)
Je ne sais plus trop s'ils en ont fait un autre depuis, et avant "Deux jours une nuit" dont nous sortons à l'instant, ma moitié et moi, mais ce dernier vaut lui aussi le déplacement. Les Dardenne creusent leur sillon dans la veine réaliste populaire avec brio, mais presque sèchement, sans en rajouter une seule louche dans le pathos pour faire pleurer dans les chaumières.
Deux jours et une nuit, c'est le temps qu'il faut à une jeune femme (M.Cotillard, très investie mais très sobre dans le rôle) pour essayer de persuader ses collègues de boulot de renoncer à leur prime pour qu'elle-même ne soit pas licenciée. C'est en effet le marché qu'a imposé le patron de la petite usine où elle bossait, avant son arrêt maladie pour la dépression dont elle est désormais sortie.
Marché ignoble, mais -dixit le patron- dicté par la concurrence dont souffre le secteur Européen des panneaux solaires (c'est ce que fabrique sa boîte) depuis la main-mise chinoise sur ce créneau. Mondialisation quand tu nous tiens !...
Les effets concrets de cette mondialisation dans le quotidien des gens comme vous et moi, suivez les en regardant l'héroïque combat que mène Sandra/Cotillard pour chercher à entrer en contact réel avec chacun de ses ex-collègues (ils sont 16) chez eux, et les convaincre. Combat qu'elle s'accroche à mener jusqu'au bout, malgré son défaitisme qui couve, malgré sa réticence à une forme perverse de mendicité qui la révolte. Combat qui lui vaut des coups de coeur et des élans de solidarité, mais aussi des coups bas, voire des coups tout court.
Encore les Dardenne n'ont-ils pas osé un scénar catastrophe, puisque Sandra est soutenue par son mec aimant et patient, tout le long de ce combat. On imagine ce que vivrait dans cette situation une mère célibataire esseulée !
Non vraiment, les Dardenne n'en rajoutent pas. Pas de psychologie fouillée des personnages, pas de surenchère, mais une sorte de froide plongée dans l'univers des gens ordinaires confrontés à des coups durs ordinaires, qui donne des films vrais, humains et justes, forts comme celui-ci.
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